Le goodies politique
C’est surtout flagrant pendant les temps forts électoraux et principalement à l’occasion des Présidentielles vous l’avez sûrement remarqué. Joutes verbales et affrontements idéologiques, les élections sont aussi le terrain d’une autre bataille : celle de la communication par l’objet. Et encore, la France fait pâle figure contrairement aux Etats-Unis où les candidats dépensent des sommes colossales pour les goodies… Dans l’Hexagone, le goodies occupe encore une place raisonnable dans le financement des campagnes. Raisonnable mais stratégique nous allons le voir.
En France, l’objet publicitaire à des fins politiques est apparu en 1958 par le biais de Michel Bongrand. L’homme avait pour tâche de conseiller le Général De Gaulle et c’est cet expert en marketing politique très influencé par les Etats-Unis, qui lui conseilla à l’époque de vendre des affiches, porte-clés, badges et autres goodies avec la croix de Lorraine. Plus tard, d’autres objets ont marqué les esprits : les ballons gonflables aux couleurs des partis et à l’effigie des candidats ont fait leur effet.
Rassemblement et sentiment d’appartenance
En politique, il n’y pas de « client » alors à quoi sert le goodies ? Que ce soit pour un parti politique, pour un syndicat ou encore une association, le goodies sert à fédérer les troupes autour d’une idée, d’un programme, et à rassembler les sympathisants pour qu’ils diffusent à leur tout un goodies et une bonne parole fédératrice. Les goodies sont généralement utilisés lors de congrès politiques, pour les campagnes électorales, lors de manifestations ou de grèves. Certains objets publicitaires politiques peuvent servir à équiper les organisateurs, ils peuvent aussi être donnés pendant ou après l’événement à la manière d’un tract. Ce sont de très bons vecteurs qui diffusent des idées et des images, et qui permettent de nouer un contact avec son destinataire. Leur intérêt ? L’image et le message. Que vous défendiez la cause animale, que vous cherchiez de nouveaux adhérents ou que vous vouliez convaincre les gens de voter pour vous, le goodies a le pouvoir de faire passer un message et à la fois de l’illustrer. Les goodies politiques peuvent également être mis en vente, cela montre l’adhésion des électeurs/acheteurs à vos idées.
Côté tendance, ce sont les goodies textiles et accessoires qui priment lorsqu’on veut réunir des hommes autour d’une même idée. Une stratégie d’unité vestimentaire qui permet de faire naitre un fort sentiment d’appartenance entre les membres, adhérents ou partisans d’un mouvement. T-shirts, pulls, écharpes, chapeaux, sacs, bracelets…une sorte de signe distinctif pour se reconnaître. Il y a également les classiques à offrir à n’importe quel moment des campagnes : pins ou badge rond ; porte-clés, briquets, clés USB, mugs, gobelets… Il y a les plus « tout-terrain », plutôt adaptés aux manifestations : sifflets, cache-cou, enceintes…
On notera que peu importe l’orientation politique d’un parti, la tendance est à la consommation responsable : aujourd’hui, un mouvement politique se doit donc de jouer la carte éthique, écologique et locale et ce surtout quand il est question d’objets publicitaires. En 2017 on a vu les médias s’intéresser aux goodies des candidats à la Présidentielle et les débats ont fait rage : goodies écologiques, objets durables, made in France… C’est au candidat qui allait être le plus irréprochable.
Les Présidentielles : le business du goodies
On a enfin trouvé un point commun à tous les acteurs politiques : les goodies ! En effet, pas un acteur politique ne fait l’impasse sur l’objet publicitaire…
Cinquante ans après son arrivée en France le goodies politique fait un tabac : et notamment l’indétrônable t-shirt personnalisé qui reste le produit phare d’une campagne présidentielle. Tous les styles sont permis, dernièrement en 2017 : T-shirts personnalisés d’un simple « F » bleu blanc rouge pour le candidat de la sobriété François Fillon, des t-shirts au message plus directe chez le leader d’En marche ! : « Emmanuel Macron président ». En deuxième position des goodies politiques les plus prisés : le mug. Viennent ensuite les bracelets.
En 2017, chaque candidat avait son goodies « star » pour faire le « buzz » : voiture miniature en bois 100 % made in France pour François Fillon, stylo Bic 4 couleurs personnalisé made in France pour Emmanuel Macron, collier de fabrication artisanal avec la lettre grecque « Phi » en verre pour Jean-Luc Mélenchon…et un flop pour Marine Le Pen et ses boutons de manchette… Mais sur les e-shop de tous les candidats, la gemme était diversifiée car en politique c’est capital : le goodies politique, il doit y en avoir pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Des stylos à 3 euros, aux pulls à 65 euros.
Grand délaissé cependant de la dernière campagne présidentielle : le briquet. Incompatible et surtout incohérent avec les grandes campagnes anti-tabac de ces dernières années, fumer ? Ce n’est pas tellement politiquement correct.
Ce qui a changé ces dernières années : l’humour ! La communication des hommes politiques n’hésite pas à jouer la carte de l’humour, du « cool », de l’auto-dérision et à pourquoi pas mettre en scène leurs défauts… On se souviendra en 2017 des gobelets « #HamonLapéro » pour que les débats politiques se fassent partout de manière participative ! Quant à l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon, elle a su exploiter ses qualités de tribun en vendant des mugs et des tee-shirts reprenant certaines de ses punchlines.
Bankable le goodies politique ?
Hormis la source de revenus qu’ils peuvent représenter, les goodies politiques sont avant tout des outils de communication dynamiques qui font leur preuve sur le terrain. Ils permettent de travailler l’image et la notoriété du candidat et de démontrer l’attachement que ses militants lui portent. Ces objets introduisent également une marque politique dans la vie quotidienne des sympathisants. Au service communication du Rassemblement National, le calendrier personnalisé pour les militants a eu un succès fou.
Pendant les meetings, les goodies jouent un vrai rôle politique et social. Le fait de porter le même t-shirt à l’effigie d’un candidat ou de déployer le même drapeau donne une impression d’union. Et l’union fait la force non ? Cela permet aux équipes de campagne de donner une autre dimension aux images d’un meeting, notamment médiatiquement : des milliers de personnes portant la même couleur a plus d’impact visuel qu’un rassemblement de milliers de personnes sans cette unité visuelle. Cela participe à l’effet de cohésion de groupe. Et certains goodies ont parfois une longue durée de vie. Le fait de garder un tee-shirt à l’effigie d’un candidat, c’est aussi un moyen de se rappeler que l’on a participé à un moment historique pour son pays.
Et les sous ? Les ventes de goodies politiques peuvent représenter des sommes substantielles en fin de campagne. Mais les équipes des candidats restent timides quant à dévoiler le montant de ce que rapportent ces objets publicitaires. En 2017, l’équipe de François Fillon donnait les chiffres suivants sur une vente de goodies : environ 4.000 euros pour un petit meeting et 20.000 euros pour un grand. En précisant que cela ne constituait pas une source de financement de la campagne importante vu le peu de bénéfices faits sur les ventes.
Les goodies de l’Elysée
C’était en septembre 2018, les goodies de l’Elysée étaient officiellement sur le marché. 56 objets publicitaires au total, du vêtement, au mug en passant par le coffret de macarons au cahier de coloriage pour enfant. « Elysée » devient une marque et l’objectif est clairement affiché : dégager une nouvelle source de revenus, notamment pour la restauration du patrimoine élyséen.
Une initiative très « start-up nation » de la part d’Emmanuel Macron qui prend le parti de jouer la personnalisation du pourvoir mais qui le fait d’une manière complètement assumée et décomplexée. Notamment en faisant de l’humour à travers certains goodies reprenant plusieurs de ces particularités de langage : ainsi donc on peut s’offrir un mug « poudre de Perlimpinpin » ou un t-shirt « croquignolesque ». Un trait d’humour très assumé qui décidé de montrer un Président qui ne craint pas l’autodérision et la mise en scène de son couple avec des dessins à colorier « Brigitte et Emmanuel Macron avec leur chien devant le Palais ».
Entre récolter des fonds et faire de la politique, ici, l’Elysée veut sans doute créer un lien affectif et une adhésion personnelle à Emmanuel Macron. La présidence espère aussi donner envie aux gens de s’approprier les couleurs du drapeau, des symboles républicains. Les coffrets de macarons concoctés par Pierre Hermé ont un packaging bleu, blanc, rouge. Un bracelet tricolore est aussi proposé. Cette ferveur tricolore, Emmanuel Macron l’a prise de plein fouet notamment après la victoire des Bleus à la Coupe du Monde en 2018, quelque chose qui l’a particulièrement séduit… Pour les goodies de l’Elysée, le cahier des charges est d’ailleurs clair : uniquement du made in France.
Ça n’a pas loupé, en octobre est apparue « Enlysée », la boutique de goodies parodique à celle de l’Elysée… Derrière ce site parodique qui vend également des goodies politiques, se cachent des étudiants, des graphistes, des musiciens. En plus d’être drôle, l’initiative a pour but de récolter des fonds pour différentes associations venant en aide aux migrants. On y trouve des t-shirts « Alexandre Benalla, champion du monde », « Pognon de dingue » ou « Gaulois réfractaire », des mugs « Traverser la rue » ou « Travaille pour te payer un costard ! », un poster géant à colorier du Palais de L’Enlysée avec notamment la piscine des vacances et la vaisselle des Macron ou la galère de l’étudiant qui a vu son APL réduite. Avec le sens de la caricature, les créateurs du projet défendent différentes causes citoyennes.
Le cas Trump
Les box mensuelles n’en finissent plus de se développer et de conquérir de nouveaux territoires, mais qui aurait cru que le Président des États-Unis lui-même se laisserait tenter par l’aventure ? Donald Trump a pourtant bel et bien lancé sa propre box mensuelle, baptisée en toute modestie « Big League Box ». C’était en juin 2017. La box contient de nombreux goodies à son effigie comme des tasses, des t-shirts ou encore des casquettes. Les bénéfices tirés de ces ventes serviront à financer la prochaine campagne présidentielle de Donald Trump.
Cette Big League contient plein d’objets publicitaires indispensables si vous souhaitez montrer à votre entourage (voire au monde entier sur les réseaux sociaux !) votre admiration pour le 45ème Président américain ou si tout simplement vous n’avez pas d’idée pour la fête des pères. En tout cas c’est comme ça qu’est présente le massage marketing. Pour pouvoir acquérir ces t-shirts, mugs, casquettes et bien d’autres accessoires indispensables signés Trump, il faudra souscrire à un abonnement et débourser pas moins de 49 dollars par mois.
Une fois la box reçue, attention, vous continuerez de payer un abonnement mensuel car la box vous engage pour une série de donations jusqu’à la fin de la campagne du candidat à sa propre succession. De plus, les goodies contenus dans la box font figure d’objets publicitaires de collection car ils sont issus de la campagne 2016 et donc disponibles en quantités très limitées. Goodies collector ? OU recyclage de vieux goodies ?